Formation 2021-2022
« Sociologie et radicalisation »
Public visé
Institutions du travail social, socio-éducatif, socio-culturel, socio-psychologique, etc. Cette formation s’adresse à toutes les institutions reposant sur la sociologie dans leur fonctionnement quotidien et dans leur rapport au réel : dès lors que la concertation au sein de l’équipe repose sur l’élaboration d’un « sens commun » partagé, mobilisant les catégories et les constats de la sociologie.
Buts de la formation
La formation vise à :
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mieux connaître les présupposés qui structurent la sociologie comme rapport au monde, les implications de son épistémologie, les impensés historiques qu’elle transmet.
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mieux prendre en compte ces paramètres dans l’interaction de l’institution avec les publics.
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mieux comprendre le moment historique que nous traversons, du point de vue des rapports entre la sociologie et l’Orient.
Le formateur
Vincent Planel est anthropologue indépendant. Afin de lutter contre les préjugés culturalistes sur les sociétés arabes, après une formation en sciences sociales généralistes au début des années 2000, il a tenté d’exporter la méthode sociologique à Taez, une ville au centre du Yémen. Progressivement, il a appris à percevoir les « dommages collatéraux » de cette démarche pour ses principaux interlocuteurs, à les comprendre et les analyser, pour mieux les assumer. Quelques années plus tard, en 2011, c’est la ville elle-même qui prenait la tête d’une révolution. Dans la guerre qui fait rage depuis 2015, Taez est une ville martyre, emblématique des contradictions de notre temps. Avec son installation à Sète en février 2014, Vincent réatterrit dans la société française, dorénavant frappée par le djihadisme. Il apprend progressivement à transposer cette expérience, et à la partager.
Positionnement
La formation est organisée pour permettre notamment de revisiter les attaques terroristes qui nous ont frappé ces dernières années, traumatisme majeur pour notre société.
Rappelons d’abord que ces attaques s’inscrivent dans une décennie marquée à l’échelle mondiale par la déstabilisation du Moyen-Orient, après les révolutions arabes de l’année 2011. Une meilleure compréhension de cette césure historique - notamment pour le rapport des sociétés arabes à leurs institutions - nous permet de sortir d’un point de vue étroitement « franco-français ».
Nous pouvons alors reconsidérer la genèse de ces attaques - survenues entre 2012 et 2016 pour les plus graves d’entre elles, même si le phénomène n’a pas disparu aujourd’hui - et casser l’illusion d’une transmission automatique : dans quelles circonstances précises la France s’est-elle retrouvée éclaboussée par les tragédies du Moyen-Orient ? Au-delà des auteurs de ces attaques, de leurs motivations djihadistes qui sont indéniables, quelles circonstances apparaissent rétrospectivement comme importantes ? Quelles failles institutionnelles, mises en lumière par les procès et/ou les commissions d’enquêtes parlementaires ? Également quelles failles sociétales, internes à la société française, dont nous avons mieux conscience aujourd’hui (notamment depuis l’irruption du mouvement Gilet Jaune) ?
En somme, il s’agit d’élaborer ensemble une conscience historique élargie de la décennie écoulée, enracinée dans votre propre expérience institutionnelle. Non pas un récit alternatif, d'autant que les blessures sont encore vives, mais un récit relié aux grandes structures anthropologiques du monde que nous avons en commun : histoire des sciences et des idées, anthropologie de l’Europe, connaissance des théologies monothéistes comparées. Un récit qui permet de dialoguer, parce qu’il est adossé à une compréhension générale du monde contemporain.
Ceci pour que l’institution soit mieux préparée : d’abord bien sûr face à des cas éventuels de radicalisation, mais nous visons aussi des retombées positives sur bien d’autres plans : laïcité, communication, pédagogie…